« Ça se voit dans tes yeux que tu l’aimes, je le sais parce qu’avant tu me regardais comme lui... »
Tell me about...
.
. Je suis
. On me dit souvent
. Je fais partie des
.
My sad story...
C’est fou comme les choses peuvent changer vite. Un instant t’es heureux, le bonheur aux lèvres, le cœur qui bat, dans ta bulle, et celui d’après ta vie s’écroule, ton souffle s’échappe de tes poumons, et ton cerveau s’endort, se morfond dans un sombre sommeil.
Un instant t’es en vie, celui d’après, t’es dans le coma.
C’est ce qui t’est arrivé.
Tu peux nous raconter ton enfance, parce que tu t’en souviens, ton adolescence à moitié, et les dernières années,… les dernières années sont pour toi un trou noir.
Tu es née à Paris, dans la famille Du Bois, une riche famille française. Tu es fille unique, et ton père est banquier, alors que ta mère est mannequin. Tu tiens de sa grande beauté d’ailleurs. Merci Maman, qu’on dit. Cassandra Du Bois, ça vous dit quelque chose ? Non, et bien ça devrait. Mais passons. On parlait de toi là. La petite Du Bois.
Tu es née dans une maison immense, un palace. Tu as été habituée aux domestiques, aux nounous, et aux cuisiniers personnels depuis ta plus tendre enfance. Mais t’aimais pas ça. C’était bien trop huppé pour toi, toi qui préférait de loin la simplicité. T’as jamais été comme tes vieux. Enfin, tes parents, pardon. Ils aiment qu’on les regarde, ils aiment le tape à l’œil, ils aiment le luxe. Il y a des choses que tu apprécies aussi, quelques beaux bijous, une petite sportive comme voiture de sport, le nouvel appareil photo, celui avec tout pleins de nouveaux trucs, c’est clair que tu craches pas dessus. Mais trop, c’est trop. Pas besoin d’une nouvelle Ferrari si papa a déjà une Aston Martin, une Porsche, et la nouvelle Audi quoi…
Puis les diamants énormes de maman, voilà quoi.
T’aimais Paris, c’était beau. Y’avait beaucoup de lieux superbes à photographier.
La photographie. La seule constante dans ta vie. On t’a offert ton premier appareil photo à 10 ans. Tu l’avais vu dans une vitrine, et tu en étais tombée amoureuse. Depuis, t’en as toujours un sur toi. Toujours.
Les photos, c’est le seul moyen d’immortaliser des souvenirs. Le seul. Toi, tu le sais bien maintenant.
A tes 14 ans, vous avez déménagé du centre de Paris pour Cuba. Ton monde est tombé en lambeaux. On t’a fait quitté ton école privée, où t’avais enfin une place parfaite, pleins d’amis, un univers qui te correspondait enfin. On t’a fait quitter ta vie pour déménager sur un putain d’autre continent ! NON MAIS !
T’as râlé, pour la première fois de ta vie de petite fille bien sage, t’as gueulé, tu t’es fait entendre. T’as claqué les portes, t’as pleuré, t’as prié,… Sans que ça ne change rien. Une semaine après, toute votre vie était dans des cartons direction La Havane.
Tu n’y avais jamais mis les pieds, mais tu détestais déjà. Idée préconçue ? Totalement, mais tellement fondée ! Qui fait déménager sa fille alors qu’elle pleure et menace de sauter du balcon de sa chambre ? Des parents qui en ont rien à foutre à première vue. Tout ça est-il qu’ils t’ont fait bougé pour La Havane. T’es passée d’un palace parisien, à un cubain. Sans déconner ta maison c’était… waouw. Encore mieux qu’à Paris. Piscine, vue sur mer, énorme bicoque colorée, avec des colonnes en marbre,… Enfin, c’était… waw. Tu t’y es vite fait, ‘faut dire. Mais t’appréciais pas trop quand même ce changement d’environnement. Mais ça aussi, tu t’y es vite fait. On t’a placé dans une nouvelle école, et tu comprenais rien à la langue. Espagnol. WHAT ?
Tu parlais pas un mot d’espagnol. Mais t’as appris. Tu as essayé de te faire des amis, mais être la nouvelle, en plus d’une étrangère parisienne friquée, c’est pas easy quoi… Mais t’as réussi. Un petit cubain a eu pitié de toi, et des méchants qui t’ennuyaient, il a pris ta défense, et il est devenu ton ami. Puis au fil du temps, il est devenu plus. C’est lui qui t’as donné ton premier baiser, c’est derrière lui que t’es monté sur sa moto, c’est avec lui que tu faisais le mur de chez toi, c’est lui qui a tenu ta main quand tu t’es faire ton premier tatouage, alors que t’avais 16 ans. Puis le trou noir.
Tu te réveilles, sous un soleil brulant de début d’après-midi. On te sert la main, c’est ta mère, la beauté brune, qui te regarde avec inquiétude. C’est la première fois que tu vois ça sur ses traits. Cette émotion qui fait trembler imperceptiblement sa lèvre inférieure, et qui créer des petites rides au coin de ses deux grands yeux d’un bleu électrique. Tu bouges tes doigts, et ses yeux s’ouvrent, et elle te bondit dessus, commençant à jacasser sur le fait que tu es en vie. Mais de quoi parle-elle bon sang ?! En vie, mais que c’est-il passé ? Et elle te raconte. T’as eu un accident. Un bel homme s’approche de toi, et t’embrasse sur le front. Tu ne le reconnais pas. Alors que tu devrais. Alors qu’il part chercher un café, ta mère t’apprend qui il est. Ton copain depuis un an et demi. Un an et demi ? Mais… Mais non, c’est pas lui. Tu demandes la date. Et tu te rends compte. Deux années de ta vie se sont écoulées, sans que tu n’en aies aucun souvenir. T’as eu un accident de voiture avec cet homme, et t’as été dans le coma durant trois mois. Un coma qui a laissé de nombreux dégâts dans ton cerveau. T'étais paumée, t'es repartie vivre chez toi, sans plus rien comprendre. Tu passais des journées à regarder des photos, à écouter ta mère te raconter ta vie, et cet homme que tu ne reconnaissais pas te raconter votre vie. Tu as repris un jour un appareil photo, et t'es sortie, dehors, en quête de lieux que tu connaissais autre fois comme ta poche. Tu as repris la photographie, cet amour que tu n'as jamais oublié. Mais tu ne voulais plus. Tu voulais Le revoir
lui. Lui demander pourquoi vous n'étiez plus ensemble, en quoi t'avais changé, comme le disait si bien ta mère. Parce que dans ton coeur, y'avait qu'un seul homme, et c'était pas celui qui était à ton chevet. Les mois ont passé, et tu l'as commencé à tenter de le chercher, sans réel succès. La peur d'entendre ses réponses sans doute. Mais plus le temps passait, plus tu te sentais mal dans ta peau, dans ta vie. Jamais t'as réussi à aimer cet homme qui partage ton quotidien. C'est clair, il est sympa, drôle,... mais il n'y a pas cette petite étincelle qui brille dans tes yeux quand vos regards se croisent, ton coeur ne s'affole pas alors qu'il pose ses mains autour de ta taille. Bref, tu ne l'aimes pas. Mais tu n'arrives pas à le quitter. Tu ne veux pas être seule. Bref, t'as 18 ans, t'as oublié deux ans de ta vie, t'es toujours amoureuse d'un gars qui t'as probablement oublié, tu vis avec un autre qui t'aime à la folie et qui crève parce que tu ne l'aimes plus, et tu sors de chez toi la nuit pour aller photographier les paysages cubains. Tu vas en cours aussi, quand l'envie te prend. Parce que depuis ton réveil, t'en as pas souvent l'envie. Déjà même avant, au lycée, t'étais pas passionnée par tes cours, sauf photo quoi... Bref. ta vie.